La SED

Améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments avec la SED, la Simulation Energétique Dynamique. 

Trouver les points d’amélioration du large système énergétique qu’est un bâtiment, voilà donc l’objectif. Mais quels sont les outils permettant de le faire ?  Qu’est-ce qu’une SED et est-elle obligatoire ?

La réponse en 3 minutes.       

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Publié le 14 novembre 2024 par :

Baptiste De Carli

Baptiste De Carli

Consultant energy manager

Avec un diplôme d’ingénieur – spécialisation thermique, mécanique des fluides et énergie – Baptiste a eu plusieurs expériences en bureau d’études énergétiques et en tant qu’energy manager pour réaliser des missions d’audits énergétiques.  Il est aujourd’hui spécialisé dans la STD, avec la modélisation de bâtiments sur Pleaides.

Il y a audit énergétique et audit réglementaire, étude énergétique et diagnostic énergétique, et même conseil en énergie du bâtiment. Leurs rôles & objectifs peuvent varier, mais tous se concentrent sur la performance énergétique d’un bâtiment. Or, le secteur du bâtiment et de son énergie est un secteur responsable d’une grande partie des émissions nationales de gaz à effet de serre, sans évoquer l’aspect social de la rénovation énergétique de certaines habitations.

Trouver les points d’amélioration du large système énergétique qu’est un bâtiment, voilà donc l’objectif. Mais quels sont les outils permettant de le faire ? Qu’est-ce qu’une SED et est-elle obligatoire ?

La réponse en 3 minutes.       

Faire un audit sans SED : des outils faits maison 

La première méthode consiste à faire avec ce qu’on a sous la main. Papier, crayon, Excel. En premier lieu, est réalisée une visite sur place. Elle permet de réaliser un inventaire technique, sorte de liste de tous les équipements faisant du chaud, du froid, de la ventilation, de la lumière, etc. ; puis un relevé du bâti catégorisant chaque paroi (type de mur ou de plancher, épaisseur, isolation…). Enfin, il faut obtenir une bonne compréhension de l’activité des occupants, des consignes de températures, des horaires d’aller et venue : de leur façon d’habiter le site. Il faut alors traiter toutes ces informations, qui vont devenir les données d’entrées de l’étude.

Chaque bureau d’études a alors sa solution : fichier Excel, Word ou autre logiciel de calcul, tout n’est qu’une question d’hypothèses. En effet, s’il est presque impossible de reproduire le comportement erratique des occupants et des machines, il est possible de s’en rapprocher, de moyenner, de supposer. Le but est alors de répartir les consommations en différents postes (chauffage, climatisation, éclairage, ou encore usage spécifique du bâtiment étudié entre autres), et d’étudier les points d’amélioration (température de consigne, isolation des façades, remplacement des équipements obsolètes).

Selon le type d’étude vendue, les rendus et leur contenu diffèrent. Parfois très dense, avec ou sans graphiques, proposant des actions simples et/ou complexes, chiffrées ou non.

Il faut ici retenir que chacun a sa méthode de calcul, ses hypothèses et sa manière d’appréhender les actions à mettre en place pour améliorer la performance énergétique. Bien que n’étant pas singulièrement fausse, cette approche à ses limites, repoussées par une SED.

Aller plus loin avec une SED

La Simulation Energétique Dynamique (SED) permet de réaliser, sur des logiciels particuliers, une simulation du comportement énergétique du bâtiment. Citons pour illustrer le logiciel de SED le plus utilisé lors d’audits énergétiques : Pléaides.

L’architecture d’une SED peut se décomposer en trois parties : données d’entrées, modélisation, résultats.

Les données d’entrées sont les mêmes qu’avec un calcul “à la main”. Cependant, la différence de précision possible est importante. En effet, avec un calcul “à la main”, on va se contenter d’indications moyennes. Cela peut être la présence des occupants simplifiée à des horaires d’arrivée et de départ, ou la définition d’une pompe à chaleur réduite à sa puissance nominale (puissance moyenne donnée par le constructeur, calculée sous des conditions très précises donc peu fréquentes). Or, estimer la consommation d’un bâtiment en ne travaillant par exemple qu’à partir de cette puissance nominale est une hypothèse forte ! En SED, toutes les caractéristiques de la pompe à chaleur sont demandées : ainsi, on ne se base pas juste sur une puissance nominale, mais aussi sur les températures extérieures, la puissance déjà fournie par la PAC etc.

En plus de données d’entrées plus complètes, la modélisation sera plus fine. Pouvoir dessiner précisément l’architecture et les différentes pièces d’un bâtiment est bien sûr un plus, mais la modélisation comprend surtout le zoning. Selon le temps de calcul souhaité, il est possible de regrouper certaines pièces ayant le même “comportement thermique”, afin d’alléger les calculs. Ce zoning, s’il est bien fait, permet d’alléger le calcul sans perdre en précision. Le logiciel pourra ainsi exprimer ses résultats pour chaque “zone thermique” dessinée.

Les résultats sont enfin eux aussi bien plus précis en SED. Souvent exprimés par heure ou demi-heure, ils permettent une observation précise du comportement énergétique de chaque zone du bâtiment. Ainsi, il sera possible de proposer des actions de rénovation bien plus adaptées, et leurs impacts sur les consommations seront calculés précisément.

Le SED permet donc un calcul heure par heure plus proche de la réalité en limitant les approximations et hypothèses faites “à la main”, que ce soit sur les habitudes des occupants, les équipements ou la géométrie du bâtiment.

Du recul sur la SED

Un outil plus précis certes, mais à quel prix ?

La première chose évidente à rappeler est que la précision a un coût direct : le temps. Rentrer plus de détails, calculer plus précisément, construire un modèle 3D, tout cela demande du temps et impacte le prix de l’audit.

Ensuite, bien que les données d’entrées puissent être plus riches en détails, encore faut-il être capable de les renseigner. Si le modèle exact de la pompe à chaleur est connu, il existe des bases de données permettant de retrouver l’équipement ou, s’il n’est pas donné, s’en rapprocher grâce à un modèle existant. Cependant, plus il y a d’informations à rentrer, plus le risque de se tromper est grand. C’est pourquoi plus les données d’entrées seront connues, moins les hypothèses à formuler seront importantes.

Il en va de même pour la modélisation et le zoning. Certes, la prise en compte de l’apport solaire via les fenêtres est un atout non-négligeable, mais des hypothèses s’ajoutent à la modélisation. Ainsi, un zoning approximatif va rapprocher des parties très différentes du bâtiment, et fausser les résultats. A l’inverse, un zoning trop précis va allonger la durée de modélisation, de calcul et donc du projet. La vigilance est de mise.

Enfin, les résultats détaillés demandent une attention particulière. En effet, avoir la courbe de température précise d’une pièce est avantageux, mais reste théorique. Avoir le recul nécessaire pour juger ses résultats est primordial. Mais encore une fois, de bonnes données récupérées sur le terrain permettent de vérifier les résultats obtenus et de confirmer les hypothèses retenues.

Enfin trancher : avec ou sans SED ?

Malheureusement, il n’y a pas de bonne réponse. Cela dépend du projet.

Nous avons vu que la SED permet une modélisation bien plus fine, et des résultats très intéressants. Mais ces derniers dépendent surtout de la précision de la modélisation, notamment des données d’entrées. Il faut également accepter que l’utilisation minutieuse d’un logiciel spécialisé demande du temps et de l’argent.

Alors quel est le projet ? Un diagnostic précis et une idée claire du prix et du gain de chaque action proposée ? Un audit rapide et efficace, permettant de mieux comprendre son bâtiment dans la globalité ?

Il n’y a pas de mauvaise décision, que des bâtiments à auditer. Ou étudier. Ou diagnostiquer…

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